Histoire et fondation

« La naissance d’Hébertville, c’est la naissance du Lac-Saint-Jean, et le Lac-Saint-Jean, c’est mon pays ». Mgr. Victor Tremblay, historien, fondateur de la Société historique du Saguenay.

Contexte du développement


Revenons avant 1849, les garçons du Québec s’exilent en grand nombre aux États-Unis pour gagner leur vie, étant donné que les familles sont nombreuses et que la terre à cultiver fait cruellement défaut, on manque d’espace à leur offrir. Les prêtres québécois voient partir leurs jeunes avec tristesse et décident de prêcher et d’œuvrer en faveur d’un retour à la terre et pour cela, une seule façon de sortir de l’impasse, c’est d’ouvrir de nouveaux territoires à la colonisation.

C’est ainsi que Nicolas-Tolentin Hébert, alors curé de Kamouraska participe avec ses confrères du collège de La Pocatière, à la fondation d’une association de colonisation qui se nomme «ACIK» soit l’Association des comtés de L’Islet-Kamouraska. M. Hébert devient l’âme et l’agent principal de l’association et s’embarque sur le grand fleuve à l’été de 1849 avec 44 hommes afin de procéder à l’exploration des cantons que le gouvernement lui a concédés.

Fondation


Cette 1ère expédition œuvre pendant 3 mois à faire des abattis afin d’ouvrir un sentier entre Laterrière et la chute des Aulnaies, ce sont les débuts du Chemin Kénogami qui deviendra le premier lien routier reliant le Saguenay et le Lac-Saint-Jean.

Toutes ces personnes retournent passer l’hiver dans leur famille sur la côte sud et au printemps de 1850, M. le curé Hébert revient cette fois, avec 75 hommes recrutés dans sa paroisse et celles avoisinantes comme à L’Islet et à Rivière-Ouelle. Cette main-d’œuvre travaille sans relâche jusqu’en novembre à abattre des arbres pour bâtir des camps et des entrepôts, on continue à défricher un chemin le long des lacs Kénogami et Kénogamichiche, on veut arriver bientôt au dessus de la chute, là où M. Hébert a vu le potentiel d’un établissement permanent.

On vit sous la tente, c’est le festival des mouches noires, on oublie le sens du mot: confort et comble de courage, 14 de ces hommes décident de passer l’hiver 1850-51.Ils préparent les billots qui serviront au printemps de 1851 pour construire 2 moulins absolument nécessaires à la survie de la colonie soi: un moulin à scie pour préparer le bois et construire des maisons et un moulin dit à «farine» pour moudre le grain et fabriquer le pain. Une petite chapelle est aussi établie cette année-là au dessus de la chute. Un nouveau pays est né et grâce à la persévérance et à la ténacité M. Nicolas-Tolentin Hébert qui s’est révélée un homme d’affaires averti, les cantons qui lui avaient été octroyés se sont développés en terres très fertiles et depuis plus de 150 ans, les agriculteurs d’ici y vivent honorablement avec leur famille. C’est ainsi que les pionniers ont décidé de nommer la nouvelle colonieHébertville en l’honneur de son fondateur.

C’est un chef généreux, un meneur d’hommes remarquable, un fonceur, un passionné, un homme de grande foi. Les premiers colons dans leur récit, lorsqu’ils parlent de M. Hébert l’appelle: « le bon curé Hébert».

C’est également en 1851 que les premières familles sont arrivées. Les jeunes hommes ayant pris épouses décident maintenant de s’installer de façon permanente dans le nouveau pays.

Tous les étés, pendant 8 ans, M. Hébert revient pour motiver ses familles et constater l’avancement de la colonie. En 1854, il commande une nouvelle chapelle plus grande et cette fois, et la fait construire sur la colline à l’endroit même où se trouve aujourd’hui la grande église en pierres.

Fait à noter, M. Hébert ne fut jamais curé de la nouvelle paroisse et le 1er curé, M. Joseph Hudon, un fils de Kamouraska fut nommé par l’évêque de Québec, Mgr. Turgeon en octobre de 1857. Le diocèse de Chicoutimi n’étant pas encore constitué.

Notre église a carillonné 125 ans en 2006, c’est la première église en pierres de la région du Lac-Saint-Jean. Ce temple somptueux, lumineux s’est élevé à force de bras, de courage et d’argent que nos ancêtres ont investi. Les 7 tableaux du grand peintre Charles Huot qui ornent le choeur depuis 1916 ont été payés grâce à des activités-bénéfices: parties de cartes et des soirées musicales. Aujourd’hui, ce bâtiment, fleuron de notre patrimoine, est maintenu grâce à la fierté des hébertvillois, avec les mêmes valeurs de nos parents et grands-parents qui l’ont bâti.

En 1926, un comité de citoyens et de prêtres de la région décide de rendre un vibrant hommage à Nicolas-Tolentin-Hébert et ses compagnons, en élevant un monument en leur honneur. Élevé en face du presbytère, nous l’appelons affectueusement le monument Hébert et c’est le 2e érigé au Saguenay Lac-Saint-Jean, le 1er étant celui des «21» situé à Ville de La Baie.

Hébertville, telle une maman généreuse, a favorisé la formation de 6 paroisses-filles en partageant son territoire: Métabetchouan, St-Gédéon, Alma, St-Bruno, Hébertville-Station et Lac-à-la-Croix.

La paroisse mère assume pleinement sa responsabilité de donner l’exemple, d’accueillir, de célébrer, de conserver ses acquis et de développer pour une qualité de vie remarquable de ses habitants, les paysages à couper le souffle dont nous profitons jour après jour. Lacs et rivières, montagnes et vallées, une admirable chute en plein cœur du village, tout est en place pour offrir la douceur de vivre aux visiteurs.

Hélène Girard
Mars 2010